Le portage hanche et l'allaitement, meilleur pour notre espèce ?
Dans l'association Dans les bras que je préside depuis 10 ans maintenant (www.danslesbras.org), comme dans celle de Peau-à-Peau qui nous a précédé, nous avons la particularité de refuser le séparatisme absurde et illogique entre la pré-naissance (dite "grossesse" ou plutôt "gestation"), la naissance (dit "ac-couchement" ou plutôt "enfantement") et le post-partum lors l'allaitement maternel et non artificiel (dit "maternisé" ou plutôt "infantile") mais aussi avec le portage et massage bébé nécessairement associés dans le meilleur des cas possible. Pourquoi "nécessairement" alors que les nombreux(ses) "spécialistes" s'évertuent à les distinguer depuis fort longtemps ? Déjà parce qu'on ne peut pas approfondir l'ensemble d'un domaine comme celui de la maternité et paternité, ou plus précisément ici le "maternage proximal ou physiologique" et liens mère-père-enfant, sans englober la totalité des étapes vers une maternité et paternité plus en contact charnel avec l'enfant et donc aussi plus heureuse et épanouie dans l'avenir.
Personnellement, cela fait un moment que je m'interroge sur les changements alimentaires en lien avec les positions et systèmes de portage et porte-bébés au cours de l'évolution de l'espèce humain. En effet, il est évident à quiconque, même sans connaissance particulière à priori des outils employés pour porter les petits humains entre l'ère préhistorique, néo et paléolithique et l'histoire moderne qu'est la notre aujourd'hui, que ceux-ci ont énormément évolué au cours des époques comme d'une région à une autre. Ainsi, j'aimerai juste analyser brièvement ici cette évolution non dans les bénéfices ou contraintes, formes ou matières, mais surtout entre les choix de positions corporelles et choix alimentaires que cela implique également.
Le portage bébé ventral ou latéral et l'allaitement
Car il apparait clairement à tout observateur impartial, spécialistes comme ethnologues ou anthropologues avertis ou néophytes, que la plupart des mères dans le monde allaitent leur(s) petit(s) (en solo comme en duo) face à elle, plus souvent couchées ou semi-allongées au départ, puis assises avec le ou les bébé(s) dans le(s) bras, puis debout, en positions statiques ou dynamiques en marchant et vaquant à leurs (trop) nombreuses occupations et charges quotidiennes.
De même, la position de portage la plus fréquemment utilisée, avec ou sans porte-bébé comme avec ou sans allaitement d'ailleurs, restent au départ la position ventrale face au corps maternel ou paternel, puis petit à petit bébé grandissant et se redressant lui-même s'installe de plus en plus souvent sur la hanche de la mère, du père ou autres "alloparents" non étrangers à la famille et relations connues qui prennent souvent soins de lui. Remarquons d'ailleurs que cette position latérale dite "assis sur la hanche" se retrouve tout autour du globe terrestre, du Nord au Sud de l'Est à l'Ouest, mais pas forcément la position dorsale comme on va le voir maintenant.
Normalement, l'enfant s'agrippe ainsi au corps de sa mère pour s'y nourrir ou de son père ou autres pour y jouer ou s'y endormir, tout comme ses frères et sœurs primates qui s'agrippent idem au corps de leurs mères ou des femelles de leur clan. Malheureusement, en Occident encore, nos petits n'étant pas suffisamment ni allaiter, ni porter dès leurs naissances, nos enfants perdent plus rapidement qu'en Orient, Moyen-Orient, Afrique ou Amérique du Sud, Océanie ou autres régions du Monde, leurs capacités innés d'agrippement. A force cela les rend donc bien moins toniques et beaucoup trop lourds à porter du coup pour les parents ici, ce qui expliquent qu'ils terminent souvent et rapidement dans des "véhicules à 3 ou 4 roues" telles les poussettes, landeaux, cosy et autres outils de puériculture indispensables à leurs déplacements comme le pensent aussi bon nombre de conducteurs adultes. Nos outils représentent bien chaque société, ses moyens de déplacements comme ses restrictions alimentaires, ses exigences de de sécurité et d'hygiène, ses innovations comme ses conformités, n'est-ce pas !
Le portage enfant dorsal et le non allaitement
Voilà pourquoi la plupart des petits ou grands enfants des pays industrialisés n'étant plus assez portés à bras ou portés longtemps dans des porte-bébés physiologiques en tissus souples, adaptés au portage ventral puis dorsal, ni surtout porter assez souvent sur la hanche avant ou arrière des adultes, position très pratique au quotidien et rapide à installer surtout avec des systèmes de portage plus petits, courts et légers... C'est d'ailleurs morphologiquement la position latérale (creux sur la hanche) qui semble la plus physiologique pour y caler un enfant plus grand et prévenir la dysplasie des hanches ("dys" pour malformation ou anomalie et "plasie" pour l'altération des cellules ou tissus) ou plagiocéphalie positionnelle (tête plate, de travers, etc.). On voit donc comme le portage enfant est indispensable au développement harmonieux du corps des êtres humains.
De plus, si la plupart des africaines, asiatiques ou amérindiennes allaitent plus longtemps et souvent leurs enfants c'est aussi parce qu'elles les portent plus volontiers, rarement devant mais plutôt sur la hanche puis dans le dos. Alors que les occidentales, elles, préfèrent encore le portage ventral et latéral à bras plus contraignant au quotidien et donc allaitent leurs enfants moins longtemps et souvent. Ayant découvert moi même qu'une des méthodes de maternage proximal les plus efficaces et radicales pour éviter justement d'avoir les bras chargés d'un(e) petit(e) glouton(e) scotché(e) non stop aux nénés pour té-touiller toute la journée sans pouvoir ni trop bouger, ni marcher ou travailler soi-même, est bien de l'allaiter directement DANS son porte-bébé, d'abord de face puis de côté et enfin d'apprendre rapidement à l'installer un enfant trop lourd dans son dos après la têtée pour l'y laisser digérer, observer et s'endormir paisiblement.
De même qu'il est essentiel aussi pour n'importe quel enfant d'avoir des séances de contacts fréquents avec sa mère et son père comme autres membres de sa famille, avec des jeux, chants et massages ou autres pour mieux stimuler ses sens et capacités physiques et cognitives comme ses défenses immunitaires, l'aider à déféquer et uriner, roter ou péter... et donc faciliter son sommeil et éviter que "ça coince quelque part" au bout d'un moment !
Voilà pourquoi on en revient à nouveau à l'impossible séparation des domaines autour de la maternité et paternité ! Chacun étant aussi essentiel et complémentaire l'un que l'autre, telles les pièces d'un magnifique puzzle, parfois assez complexes à saisir comme à mettre en place au départ, mais ensuite tellement magiques et pratiques à employer qu'on s'interroge alors sur la raison de leur quasi disparition en France !? Peut-être justement est-ce dû à cette absurde voir nuisible "spécialisation des domaines" et à leurs progressives professionnalisations ?
Alors, si possible retournons à plus d'amateurisme, de spontanéité, simplicité et surtout de transmissions de savoirs ancestraux féminins ET masculins, maternels et paternels, interculturels et intergénérationnels... Il en va de notre évolution, santé comme de notre avenir.